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VIII- L’ESPACE

VIII- L’ESPACE

8.1- Localisation
L’espace destiné à l’implantation du jardin botanique national est situé dans le département de l’Ouest, dans la commune de Ganthier, particulièrement dans la localité de Bonnet (à la 2e section communale Balan), à 12.27 Km de la ville de Croix-des-Bouquets, une vingtaine de km de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. D’une superficie d’environ 70 ha, soit 700 mille m2, le site est inclus dans la réserve de biosphère la Selle et se trouve au niveau de la route nationale no 8[1], entre deux aires protégées, Bois Frèch et Source Zabeth. Sur la carte ci-dessous, le périmètre du jardin commence à l’extrême sud-ouest de Bwa Frèch aux coordonnées géographiques 18°33’20.61″N et 72° 7’2.87″W (Point A) ; monte sur le côté ouest vers la zone agricole au nord, point B (18°33’38.97″N et 72° 6’57.76″W) ; tourne vers l’est jusqu’à 18°33’33.61″N et 72° 6’21.85″W (point C) ; puis vers le sud-est pour rejoindre et contourner l’aire du site Source Zabeth aux points D (18°33’24.11″N et 72° 6’22.02″W , E (18°33’21.20″N, 72° 6’21.28″W), F (18°33’18.47″N, 72° 6’23.51″W), G (18°33’20.13″N ; 72° 6’26.44″W) et H (18°33’18.02″N ; 72° 6’30.11″W); le périmètre continue ensuite vers le sud-est, tourne vers l’ouest pour contourner la petite zone habitée, descend vers le sud pour rejoindre la route nationale no. 8 aux points I (18°33’12.10″N et 72° 6’31.70″W), J (18°33’12.69″N et 72° 6’34.52″W), K (18°33’16.33″N et 72° 6’36.89″W), L (18°33’17.89″N et 72° 6’39.25″W) et M (18°33’13.91″N et 72° 6’44.60″W) ; le contour longe alors la route nationale no 8 vers l’ouest pour fermer la boucle au point A.

La carte de la page suivante donne une idée de la localisation du terrain et de son tracé. image

8.2- Caractéristiques du terrain

a) Ecosystèmes
Le terrain qui va loger le Jardin botanique national regroupe deux aires protégées (Source Zabeth et Bois Frèch) qu’il faut absolument et de manière urgente réhabiliter, gérer et conserver. Ces deux plans d’eau, aux termes de l’article 4 du décret du 18 mars 1968, peuvent être considérés comme des aires protégées[2]. En outre, l’article 131 du code rural haïtien stipule que « les sources, rivières et autres cours d’eau, les lacs, lagunes et étangs naturels font partie du domaine de l’Etat et ne sont susceptibles d’aucune appropriation privée ».
Ces aires hébergent des écosystèmes variés : milieux humides (le terrain comporte plusieurs sources d’eau (une demie douzaine au moins), une zone de marécage et est traversé par des ruisseaux), des rak bwa avec près de 80 espèces d’arbres et de plantes différentes, y compris des arbres sacrés, de la végétation sèche et des zones de culture agricole. Le domaine fournit donc certains services tels la production et l’approvisionnement (en eau, en biodiversité, en matières premières…), la promotion culturelle (tourisme, loisirs…) et le support (sol et production agricole). Les arbres servent d’habitats pour une faune variée dont la plus visible est constituée d’oiseaux.

b) Du foncier
Le domaine qui va loger le Jardin botanique national fait l’objet d’une cession de l’Etat haïtien à la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO (CNHCU). En termes fonciers, le domaine appartient à la CNHCU qui a l’autorité principale sur le terrain et qui entend le gérer de manière participative, avec l’appui de la communauté et de plusieurs institutions : la mairie de Ganthier, le ministère de l’Evironnement (MDE) et le ministère de l’Agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR). En effet, les ressources hydriques et les rak bwa sont du domaine public et font l’objet des plusieurs intervenants institutionnels.

c) Zone de culture
Les riverains utilisent l’espace pour toutes sortes de cultures adaptées au climat tropical : Céréalier (riz, maïs, sorgho), vivres et tubercules (banane, manioc (Manihotesculenta), patate douce (Ipomea batatas), igname (Dioscorea), malanga (Xanthosoma), taro ou « mazonbèl » (Colocasia esculenta, « dasheen » dans la Caraïbe anglophone)), légumes et culture maraîchère (haricots, pois congo, mirliton (chayote), oignon, chou, cive, thym, céleri-feuille, persil, poireau, arachides, carotte), fruits (papaye, mangue, banane, avocat, noix de coco, tamarin, melon, ananas, fruit de la passion, fruit à pain et agrumes), la canne-à-sucre (Saccharum). La culture se fait ou bien en mono culture ou bien en association.
[1] La route nationale no. 8 va de la Croix-des-Bouquets à la frontière avec la République Dominicaine vers l’est (Croix-des-Bouquets – Ganthier – Fonds-Parisien – Malpasse).
Décret du 18 Mars 1968 dénommant Parcs Nationaux, Sites Nationaux, Sites Naturels toutes étendues de terres boisées ou parcs sur lesquelles sont établis des monuments historiques ou naturels. Article 4.-

  • a) Toute étendue de terre sur une superficie d’au moins 5 ha autour des cascades, des chutes d’eau, des sources d’alimentation en eau potable, des sources thermales ou sulfureuses, des grottes ou des monuments naturels;
  • b) toute étendue de terre autour des lacs et étangs, sur un rayon d’au moins 200 mètres à partir de leur pourtour;
  • c) toute étendue de terre destinée à protéger et à conserver la faune et la flore nationales, ainsi que les objets d’intérêt historique, géologique, scientifique, touristique.

d) Géologie, géomorphologie et topographie
Une bonne partie des sols est constituée d’alluvions et de matériaux détritiques. La présence de calcaire a été remarquée particulièrement dans la zone de “Bois Frèch” et dans certaines parties des sols de Sources Zabeth.
Des sols argileux et basaltes sont présents en très faible pourcentage. Cependant, il a été observé que des sols à roche-mère existent dans le morne (au sud, en face de la zone actuelle du projet de Jardin botanique).
Les formations géomorphologiques observées ont permis de comprendre l’évolution et le ruissellement de l’eau à travers une grande partie du domaine.
Le terrain destiné au jardin est plus ou moins aplatie, avec une faible variation d’altitude des points. Mais, la partie d’en face, au sud, est montagneuse, avec des pentes variant de moyennes à élevées (Frenelus, 2015).

e) Hydrologie et ressources hydriques
Le réseau hydrographique est réparti sur tout le domaine. A l’est, se trouve un complexe d´irrigation qui comprend un bassin général que forment quantité de petits ruisseaux qui naissent et serpentent entre les arbres. L’ensemble, avec un débit minimum de , porte le nom de Sources Zabeth et représente un important patrimoine hydrologique de la République d’Haïti (Frenelus, 2015).
A l’ouest du domaine, à Bois Frèch (un rak bwa), se trouve un autre complexe de ruisseaux moins importants. Autant dire que les ressources hydriques de la zone sont relativement grandes et permettent de nombreuses exploitations : irrigation et arrosage, eau potable, centre balnéaire, lavages divers et lessive… L’eau fait actuellement l’objet d’étude afin de déterminer ses caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques ou microbiologiques, bien que généralement les eaux souterraines soient de bonne qualité lorsque l’environnement est sain et que la nappe phréatique adjacente n’est pas polluée.
L´humidité des sources est conservée grâce à la couverture végétale.

8.3- Loisirs
Le terrain choisi pour le jardin est déjà utilisé depuis de longues années à des fins balnéaires sur une base quotidienne ; des touristes venant des centres urbains d’alentour (Port-au-Prince, Carrefour, Tabarre, Delmas, Croix-des-Bouquets, Cité Soleil, Ganthier, Thomazeau) se servent de l’espace comme centre de loisirs, avec un aménagement sommaire. Les saisons de fête et de vacances, jusqu’à deux mille personnes peuvent se trouver sur les lieux le même jour.
Parallèlement, l’environnement est en proie à d’éventuels actes de spoliation et à un processus de dégradation qui peut être stoppée grâce à l’implantation du Jardin botanique national.

8.4- Population et développement
La population riveraine au domaine est évaluée à environ 900 personnes (CNHCU, 2015). Tandis que la section communale où se trouve le domaine compte au moins 7 465 habitants (IHSI, 2012). La commune en son entier, Ganthier, a une superficie de 387.28 km2 et une population de 59 676 habitants en 2012 (IHSI, 2012). Elle comprend le centre-ville et cinq sections communales à dominante rurale : 1ère Galette Chambon, 2e Balan, 3e Thoman Fond-Parisien, 4e Pays pourri, 5e Marre Roseaux.
Par sa position géographique, Ganthier est une commune stratégique ; elle constitue le passage obligé pour se rendre par la route, à partir de la capitale, vers la République Dominicaine. Elle est bornée au nord par Thomazeau, à l’est par Jimani (République Dominicaine), au sud-est par Fonds-Verrettes, à l’ouest et au sud par Croix-des-Bouquets. Plus précisément Ganthier se trouve entre les latitudes 18.22 et 18.37 degrés nord et entre les longitudes 71.52 et 72.8 degrés ouest.
D’après le classement mondial réalisé à partir de l’indice de développement humain (IDH), Haïti est le pays le moins développé de l’hémisphère occidental. Selon les estimations de 2007, 76% de la population haïtienne vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 2 USD par jour, et 56% vit en dessous du seuil d’extrême pauvreté, avec moins de 1 USD par jour. La grande majorité de cette population ne jouit d’aucune sécurité sociale ni de système d’assurance.
Ganthier dispose cependant de ressources qui pourraient réduire la pauvreté telles le lac Azuéi, la source Zabeth, des mines de sable et de pierres, une douane, etc.

8.5- Infrastructures existantes
Il n’existe pas d’infrastructures à proprement parler sur le domaine. Sauf qu’il est bordé au sud par la route nationale no. 8 (en fait une route internationale asphaltée) qui sert de principale voie d’échanges entre la République d’Haïti et la République Dominicaine. La frontière est, en effet, à environ 20 km plus loin à l’est.
Il faut signaler aussi un canal construit qui draine l’eau sur la partie nord et qui sert à l’irrigation.

8.6- Autres opportunités
Par ailleurs, la commune dispose d’un certain nombre d’acquis et de potentialités. Il y a lieu de retenir :

  • une plaine fertile en tout temps et partiellement boisée, plus des terres arables dans les mornes ;
  • les ressources du sol et du sous-sol telles carrières de sable, un grand lac, des sources, des rivières et des alluvions… ;
  • l’agriculture (légumes, céréales, canne à sucre, vivres alimentaires…) et l’élevage (bovins, caprins, volaille) ;
  • l’énergie éolienne et l’énergie solaire ;
  • des sites touristiques dont Calvaire Miracle, Source Zabeth, le lac Azuéi et un parc écologique en aménagement ;
  • les ressources humaines, particulièrement les jeunes.
  • Bien exploitées, ces opportunités peuvent générer des ressources pour les ménages et pour le développement de la commune.